La Société Générale diffuse la blockchain dans ses activités de marché
Essai réussi pour la Société Générale. La banque a émis avec succès, le 14 mai, des obligations sécurisées d’une valeur de 40 millions d’euros sous forme de tokens de sécurité (security tokens), des jetons numériques constituant des actifs financiers à part entière. Elle a ensuite procédé au règlement du montant en euros digitaux pour la première fois. Dans cette opération, menée avec la Banque de France, c’est la première fois qu’une transaction financière était réglée en monnaie digitale banque centrale (MDBC) utilisant la technologie blockchain. Ces titres sont notés Aaa chez les agences Moody’s et Fitch.
L’expérimentation «a été réalisée de bout en bout en utilisant des infrastructures de type ‘blockchain’». Une démonstration grandeur nature de «la faisabilité du règlement et de la livraison digitale de titres financiers dans la monnaie digitale de la banque centrale», précise la Société Générale dans un communiqué.
Cette opération a été menée via la plate-forme technologique Forge de la Société Générale : créée il y a deux ans, cette sorte de start-up interne, qui compte une quinzaine de salariés, vise à promouvoir de nouvelles activités de marchés basées sur la blockchain. «Le projet Forge vise à doter la banque d’une capacité à réaliser des opérations sur titres financiers en utilisant la technologie blockchain», précise Jean-Marc Stenger, directeur général de Société Générale - Forge. «Nous avons une maturité technologique et juridique suffisante pour proposer des nouvelles offres à destination de la clientèle de la banque de marchés», poursuit-il.
Le Libra crée l'émulation
Déjà l’an dernier, le groupe bancaire français avait mené une première opération de ce type, avec une émission, le 18 avril 2019, de 100 millions d’euros de security tokens. Mais son règlement avait été effectué de façon classique en euros. Cette première transaction «nous avait permis de valider notre maîtrise de la technologie, et des aspects juridiques pour nous permettre de réaliser de véritables transactions sur ce format-là», détaille-t-il. Le groupe bancaire avait avancé sur cela avec les régulateurs, l’Autorité des marchés financiers (AMF) et l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR), ainsi que le laboratoire innovation de la Banque de France.
Le projet de cryptomonnaie de Facebook, le Libra, annoncé en juin 2019, a créé une certaine émulation chez les banques. Même si Facebook a, depuis, revu ses ambitions à la baisse, annonçant en avril dernier qu’il serait finalement adossé aux monnaies régionales existantes. «L’épisode Libra a accéléré la dynamique du côté des banques centrales. Ces dernières travaillaient déjà sur les monnaies digitales depuis deux ans, mais on a bénéficié de l’actualité du Libra», ajoute Jean Marc Stenger.
Le groupe travaille maintenant sur le lancement d’offres de structurations de transactions en format security token pour ses clients, a priori à partir de l’an prochain. «Nous travaillons sur deux types de projets : d’une part, des obligations (type ‘cover bonds’ et ‘senior insecured’) sur lesquels nous avons actuellement trois mandats ouverts, avec des clients institutionnels. Et d’autre part, sur des produits structurés», indique David Durouchoux, directeur général délégué de Société Générale - Forge.
Ils en attendent «une simplification des structures de marchés, une sécurisation accrue des transactions, et une amélioration de la vitesse des transactions», qui pourrait passer de deux, trois jours actuellement «à quelques minutes», résume Jean-Marc Stenger.
Plus d'articles du même thème
-
Powens se transforme en plateforme de banking as a service grâce à l’intégration d’Unnax
Acquise en 2023, la fintech espagnole apporte à Powens, spécialiste de l’open banking, une solution complémentaire permettant d’innover grâce à la combinaison des deux savoir-faire. -
Sum Up lève 1,5 milliard d’euros
Quatre mois après avoir collecté 285 millions d’euros, la fintech spécialisée dans les solutions d’acceptation de paiement pour les marchands clôt un nouveau financement exceptionnel, en dette, mené par Goldman Sachs. -
Worldline rebondit après un bon premier trimestre
Le groupe dirigé par Gilles Grapinet a enregistré un chiffre d'affaires de 1,1 milliard d'euros sur les trois premiers mois de l'année, battant légèrement les attentes des analystes. L'action a repris 10%.
ETF à la Une
BlackRock élargit sa gamme d’ETF obligataires à échéance avec quatre nouveaux véhicules
- Julie Duval : «Il y a deux voies royales pour rejoindre Goldman Sachs»
- Charlotte Dennery (BNP Paribas Personal Finance) : «Nous avons déjà réalisé 80% de notre plan de restructuration»
- Société Générale paye cher les doutes sur la trajectoire de sa marge d'intérêt
- Comment les banques monétisent leur audience auprès des marchands
- Moneta, Sycomore et l’Adam s’attaquent à la gouvernance de Peugeot Invest
Contenu de nos partenaires
-
Messagerie interne
Président de l'université de Lille, Régis Bordet évoque pour la première fois les dessous de l'annulation de la conférence de Jean-Luc Mélenchon et Rima Hassan
EXCLUSIF. Pour la première fois depuis l'annulation de la conférence à Lille, jeudi 18 avril, le président de l'université comparé à l’officier nazi Adolf Eichmann par Jean-Luc Mélenchon a accepté de sortir de sa réserve pour s’exprimer dans l’Opinion. Les étudiants de l’association « Libre Palestine » se disent inquiets de ne plus pouvoir mener des actions de solidarité envers le peuple palestinien sans être ciblés par des campagnes de diffamation. -
Zizanie
Européennes: avalanche de critiques chez LR après le dévoilement de la liste
La commission nationale d'investiture du parti a officialisé mardi matin les noms des 31 premiers candidats des Républicains. Non sans grincements de dents -
Entrisme
Sciences Po: pourquoi la fabrique à élites déraille
La crise actuelle, due à la volonté de LFI d’importer le conflit israélo-palestinien dans la campagne des européennes, est le révélateur de fractures qui affaiblissent l’école depuis des années